L’ami Théo a réalisé cette petite animation de mon recueil de cordels intitulé « Bois Brésil » . Il en contient trois réalisés au cours de ma résidence à l’institut Sacatar d’Itaparica. L’un dont j’ai fait la couverture sur un texte d’Elton Magalhaes, un autre dont j’ai fait les illustrations intérieures sur un texte de Sol Biscouto et le dernier que j’ai écrit et illustré. L’emballage est constitué d’une feuille de bananier imprimée et d’un filet qui enferme le tout. Pourquoi « Bois Brésil »? En référence d’abord à cet arbre aujourd’hui disparu qui a donné son nom au pays « Brésil » et qui fit la fortune des premiers colonisateurs, ensuite parce que mes deux mois de résidence ont été consacrés à graver du bois.. Beaucoup de bois!…
Une année de plus et notre collection crosienne s’étoffe, nous les conservons précieusement comme des pièces de notre cabinet de curiosités, ces carnets de voeux qui sont comme des bouteilles à la mer, du bois flotté balloté par les courants, venant réveiller nos consciences endolories.
Cette année, il y a en plus le filet du pêcheur, qui recueille les vers du poète et les rêves des exilés.
Cela peut être aussi une invitation à l’appel du large, à la mise en retrait sur un oasis imaginaire, à l’abri du délabrement généralisé. Sans nous faire oublier que, malgré la grande noirceur de notre époque, malgré le peu de lucioles qui brillent dans l’obscurité, il y a toujours de la place pour la beauté.
Merci Roland pour ton regard à la fois atterré et tendre sur le monde, merci pour ce vibrant hommage à tous ces esclaves fugitifs, ces héros anonymes, dont j’aimerai avoir le même courage et la même bravoure. « Liberté fut leur notion. Et chaque jour qu’ils y vécurent, résistance fut leur ration ». Implacable comme ton encre noir et le regard dubitatif de cet homme, en couverture, nu comme au premier jour, qui se retrouve au milieu du guet, ne sachant plus choisir entre toutes les voies qui s’offrent à lui.
A très bientôt j’espère
Ed