Le Cordel est une forme littéraire en vers qui s’est développée au 19ème siècle dans le Nordeste du Brésil. Elle est issue de la littérature de colportage qui existait dans toute l’Europe et que les portugais ont introduite dans le nouveau monde. Son nom vient du fait que les ouvrages sont vendus sur les marchés suspendus à une corde. Leur prix très bas, seulement quelques centimes, les destine à un lectorat populaire. Ils sont la version écrite des repentes et emboladas, joutes poétiques improvisées, elles mêmes héritières des duels auxquels se livraient les troubadours du moyen âge et les bergers improvisateurs dont parlaient déjà Hésiode puis Virgile.
La literatura de cordel obéit à des canons précis. Chaque ouvrage se présente sous la forme d’un petit livret (folheto) de 10 par 15 centimètres, de 8 à 16 pages et dont la couverture est illustrée d’une image en noir et blanc traditionnellement réalisée en gravure sur bois. La composition des poèmes se fait sur les mêmes grilles que celles du repente: strophes de 6, 7 ou 10 vers de 7 pieds. La forme la plus courante étant le sextiles (6 vers de 7 pieds).
Le cordel est résolument narratif, il met en scène des personnages réels ou fictifs et raconte une histoire de manière linéaire. La langue employée est parfois familière et le recours à l’humour fréquent. Les thèmes sont très divers : amour et amour trahi, chroniques de la vie paysanne, contes fantastiques, critique sociale, satires, fables, magie, malédictions ou encore pédagogie… A une époque où radio et télévision n’existaient pas encore, il était un vecteur de diffusion des informations dans les régions les plus reculées du Sertão.