Rencontre hier avec Elton Magalhaes, jeune et passionnant cordeliste bahianais. Cordeliste? ça veut dire auteur et éditeur de Cordels. Qu’est ce qu’un Cordel? un petit livret de 10X15cm photocopié sur du papier courant de 80g et dont la couverture est illustrée d’une image (traditionnellement une gravure sur bois).
A part ça quoi de particulier? Le texte qui peut aller de 16 à 64 pages est forcément en vers et répond à des codes très particuliers. Il faut savoir que les Cordels sont à l’origine, la transcription de poésies de tradition orale, faits pour être déclamés en s’accompagnant d’instruments de musique très simples (guitare ou tambourin). Les ancêtres les plus anciens des cordelistes d’aujourd’hui sont les troubadours du Moyen Age, ceux d’Occitanie et du Portugal.
Elton, auteur de dizaines de cordels et professeur de littérature à Salvador de Bahia est intarissable sur le sujet: les thèmes abordés, les personnages récurrents, la versification, les auteurs marquants de cette « littérature des pauvres ». C’est du Nordeste que le Cordel est originaire et c’est là qu’il demeure le plus vivace. Il est pourtant présent dans tout le Brésil et dans d’autres pays d’Amérique latine.
Pour parler de la versification, il existe quatre modes très codifiés:Septiles: sept vers de 7 syllabes par strophe les 2ème/4ème/7ème riment entre eux et les 5ème et 6ème entre eux. Ca donne ça par exemple:
Mais un caso de cangaço/Eu pretendo registrar/Pra nao ser mais uma historia/Que o tempo teima em apagar/Ou deixar no esquecimento/E mais uma que apresento/ A cultura popular
Sextiles: six vers de 7 syllabes par strophe, rimes entre les 2ème/4ème/6ème. Les autres ne riment pas. Il y a aussi « Le martelo a galopado » (marteau au galop): 10 vers de 10 syllabes ou encore le « galopo à beira mar » (galop sur la berge): 10 vers de 11 syllabes dont le dernier de chaque strophe se termine invariablement par le mot « mar »…
Tout ça donne un rythme très singulier à ces poèmes. Quelque chose qui n’est curieusement pas si loin que ça du rap…
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