Rêve #2

publié le 22 mars 2013


 

Le temps passe avec une rapidité terrifiante. Les bourreaux lui ont donné quelques minutes pour décider comment vont être les dernières minutes de sa vie. Elle veut écrire. Raconter des histoires et dire ce qu’elle voulait dire depuis longtemps. Mais les minutes ne suffisent  pas. Elle se  souvient comment les artères du cou de son amie se sont dressées  quand elle a appris la nouvelle. Elles se sont dressées  comme elles se dressent quand on pleure mais elle ne pleurait pas. Quand elle lui a appris la nouvelle,  son visage est reste blême. Elle a ensuite entendu sa voix pleurante à travers le téléphone lui disant qu’elle a été condamnée à mort, elle aussi. Elle a dit que les bourreaux  lui ont demandée de choisir  qui entre elle et son amie allait être exécutée. Elle était hésitante. Les deux étaient condamnées pour fornication. Elle a dit qu’elle avait peur de mourir. Qu’elle ne voulait pas partir et laisser les mots.
Elle se réveille de temps en temps  avant de reprendre son sommeil pour savoir si les bourreaux sont toujours là. Ils sont nombreux et  effrayants. Elle veut écrire des poèmes comme ceux de Joyce Mansour. Mais seuls ses cauchemars leur ressemblent et elle n’a pas le temps de déchiffrer l’énigme. Elle s’est contentée de ses mots banals: « Notre peau s’adoucit seulement quand  on est désirée par l’être aimé. La dureté s’en va et le corps se ramollit, s’humidifie, le regard s’attendrit et la pupille se réduit»

Roula Ayoubi (traduction de l’arabe Badra)

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