Le temps passe avec une rapidité terrifiante. Les bourreaux lui ont donné quelques minutes pour décider comment vont être les dernières minutes de sa vie. Elle veut écrire. Raconter des histoires et dire ce qu’elle voulait dire depuis longtemps. Mais les minutes ne suffisent pas. Elle se souvient comment les artères du cou de son amie se sont dressées quand elle a appris la nouvelle. Elles se sont dressées comme elles se dressent quand on pleure mais elle ne pleurait pas. Quand elle lui a appris la nouvelle, son visage est reste blême. Elle a ensuite entendu sa voix pleurante à travers le téléphone lui disant qu’elle a été condamnée à mort, elle aussi. Elle a dit que les bourreaux lui ont demandée de choisir qui entre elle et son amie allait être exécutée. Elle était hésitante. Les deux étaient condamnées pour fornication. Elle a dit qu’elle avait peur de mourir. Qu’elle ne voulait pas partir et laisser les mots.
Elle se réveille de temps en temps avant de reprendre son sommeil pour savoir si les bourreaux sont toujours là. Ils sont nombreux et effrayants. Elle veut écrire des poèmes comme ceux de Joyce Mansour. Mais seuls ses cauchemars leur ressemblent et elle n’a pas le temps de déchiffrer l’énigme. Elle s’est contentée de ses mots banals: « Notre peau s’adoucit seulement quand on est désirée par l’être aimé. La dureté s’en va et le corps se ramollit, s’humidifie, le regard s’attendrit et la pupille se réduit»
Roula Ayoubi (traduction de l’arabe Badra)