Ca y est, c’est fini! j’ai donné mon dernier coup de tronçonneuse cet après midi. L’image là en dessous ce sont les 30 mètres de palissade et les 18 personnages gravés. C’est tout petit je sais! Mais plus tard vous pourrez voir des détails en vidéo. Patience ou alors venez sur place.
Ce matin un type m’a dit, mais pourquoi vous faites des bonshommes tordus comme ça, c’est bizarre. Vous devriez faire une ferme, avec des poules des vaches, le fermier, la fermière, les cochons ce serait pas mal aussi… En voilà une idée qu’elle est bonne!
Moi, après 7 jours de tronçonneuse, j’ai les bras à peu près dans l’état de ceux du type là, au dessus, éclatés! mais ballants aussi, ça fait un grand vide soudain de plus aller au boulot tous les matins dans le parc d’Auzette de Limoges.
La gravure est presque terminée, il reste deux personnages à faire émerger de la palissade. Lundi soir ce sera fini…
Hier une petite fille (Lily 7 ans) est venue m’apporter sous la forme d’un dessin, son interprétation de la scène qui apparait jour après jour dans le parc d’Auzette. Pourquoi ces personnages s’enfuient ils? Quelle sera l’issue de cette course poursuite? Voila sa réponse…
Il était une fois une pieuvre géante qui courait après les villageois et elle voulait les enfermer dans des chaussettes géantes
Samedi soir, pique nique devant la palissade avec tous les zamis. Temps frais, chaleur humaine!
Ce matin installation de la deuxième partie de l’expo dans le jardin d’hiver de la Bibliothèque de Limoges. Mes panneaux prennent un air trop pical.
Dans la parc d’Auzette la gravure continue pendant les travaux. Les interprétations des passants se télescopent. Certains voient dans la course éperdue de mes personnages une fuite de l’humanité devant les menaces du réchauffement climatique. Comme en leur temps les dinosaures chassés par un cataclysme tellurique… D’autres pensent au texte de Thomas Hobbes (philosophe anglais du 17ème) présentant une humanité lancée dans une course que seuls les meilleurs gagnent… Ambiance fin d’empire, décadence à tous les étages. Le passant était pessimiste aujourd’hui!
Moi je vois juste qu’il ne me reste que 5 personnages à sortir de leur gangue à moins que ce ne soit de leur gang!
J’ai franchi le cap de la moitié, plus que 7 personnages à graver! Yeah! La tronçonneuse commence à peser sérieusement dans les bras en fin de journée… Les passants se livrent à des interprétations aussi diverses qu’encourageantes: danse macabre, course poursuite, burlesque, comique, inquiétant, angoissant, tout ça je m’y attendais un peu mais celui qui m’a le plus surpris, c’est un petit garçon à qui Baptiste (mon fidèle, zélé et prévenant assistant) demandait qu’est ce qui fait courir ainsi tous ces personnages? et qui lui a répondu « Ils vont à la pharmacie »… a demain…
Aujourd’hui pluie fine sur le parc d’Auzette, mais toujours des visiteurs et parmi eux les premiers habitués qui viennent chaque jour voir ou en est l’avancée du travail. Des relations se nouent autour de la palissade, comme cette voisine, ancienne tenancière de bar dans le quartier qui nous prête un balai pour nettoyer la sciure le soir et qui nous apporte de l’eau fraîche parfumée au sirop de pêche dans l’après midi. Jusque là, je n’avais gravé que des silhouettes, je ne m’étais pas lancé dans les détails des visages. Ce matin je m’y suis collé. J’en ai fait 5 en 10 minutes, d’un même geste définitif, soudain des caractères sont apparus, comme ce personnage à profil d’oiseau…
Plein de visites aujourd’hui. D’abord Mohammed Alidou un ami venu du Bénin qui a fait un crochet par Limoges pour nous voir. Assis dans la pelouse, me regardant m’acharner sur ces pauvres planches de sapin, il se demandait si décidément les blancs ne sont pas un peu cinglés. Il nous a raconté des belles histoires de marabouts avec des malédictions, des bandits, des résurrections, des anges et des poisons… Un morceau d’Afrique qui est reparti par le train de 13 heures 50…
Ensuite il y a eu des groupes d’enfants que Baptiste a fait raconter ce qu’ils voyaient sur la palissade. Réponses: des gens qui courent, qui dansent et qui font la bagarre…
Pour finir on s’est amusés à filmer un personnage en train d’apparaître. Work in progress on vous avait dit!
Il y aura 17 personnages sur la palissade + des petits bouts qui trainent par ci par là.
Je les ai posés à la craie.
Un gamin passe et me dit depuis son vélo
-Vous allez faire quoi? -Je vais graver à la tronçonneuse -Ah comme moi. Mais c’est dur à faire, moi j’avais commencé à graver la porte du garage mais ma mère m’a engueulé alors j’ai pas fini…
Aujourd’hui, les camions sont venus déposer les 10 panneaux de 3 mètres de base dans le parc d’Auzette et les menuisiers de la mairie de Limoges ont commencé à les assembler. Equerres à l’arrière et piquets de fer plantés dans le sol, 2 par équerre.
Les passants se demandent ce que va bien pouvoir cacher cette palissade qui n’enferme rien. Moi, je m’inquiète à l’avance à l’idée que la tronçonneuse va faire un certain barouf et que le voisinage risque d’apprécier moyennement à la longue…
Les menuisiers de la ville de Limoges ont commencé à construire en atelier les éléments d’une palissade de bois de 30 mètres de long qui va ensuite être installée dans le parc d’Auzette. Dans quelques jours, j’en commencerai la gravure à la tronçonneuse.
Il y avait une certaine émotion et quelque appréhension à voir s’empiler ces panneaux de 3 mètres par 2 dans la cour des ateliers municipaux. Une surface à graver de près de 70 mètres carrés comme je n’en ai jamais affrontée m’attend désormais…
Voici une petite video concoctée par mon fidèle et dévoué frangin montrant comment je m’y prends pour graver à la tronçonneuse et présentant quelques-unes de mes planches exposées dans le parc de Belleville à Paris il y a un an. Ca dure 5’30 alors parfois, ça met un peu de temps à se charger. La première lecture peut être entrecoupée de périodes de chargement intempestifs mais la seconde est en général la bonne et à partir de là on s’en lasse plus! Sur un panel de 1200 personnes de 10 à 75 ans on a constaté que l’interêt commence à fléchir à partir de la 64ème vision…
Au Prado à Madrid, il y a un immense tableau de Goya tout en longueur qui représente une procession à San Isidro. Couleurs charbonneuses, gueules déformés, dantesques, yeux exorbités. Une foule hallucinée, habitée par une foi inquiétante s’étire dans la campagne obscure. Au premier plan, il y a un joueur de guitare. Francisco l’a peint en 1820, vers la fin fin de sa carrière et l’avait parait-il accroché dans sa salle à manger. Il se gardait pour lui même et ses visiteurs intimes ce chef d’oeuvre, ce cauchemar… Un croquis de mémoire
Et voici un détail du panneau gravé à la tronçonneuse que je viens de terminer. 2,30 de haut par 90 de large. Il pourrait servir de mur à un poulailler ou de paravent pour une chambre d’enfant, effrayerait-il les renards?…
Une de mes gravures récentes, (format 30X45). En fait c’est pas gravé sur du lino mais sur du médium (aggloméré de bois très dense et au grain très fin) très facile à graver, simplissime à imprimer avec des encres à l’eau… En bonus, une musique de Junior Cony (extrait de « Marathon »)
En préparation de l’expo qui aura lieu à Limoges cet été au cours de laquelle il est prévu que je grave à la tronçonneuse une palissade de 30 mètres de long, je me livre ces jours ci à de petites répétitions préalables dans le site des murs à pêches à Montreuil. Mon entraînement physique et ma préparation mentale sont complétés par un régime alimentaire strict et une surveillance cardiaque scrupuleuse…
Connaissez vous Eric Drooker ?
Dessinateur, peintre new yorkais contemporain, auteur de nombreuses couvertures du respectable « New Yorker », contributeur régulier des moins consensuels « Screw » et « World War 3 Illustrated », il excelle aussi dans le roman graphique. Je suis fan de ses dessins en noir et blanc, de son radicalisme graphique et politique mais moins de ses travaux en couleur que je trouve d’une poésie un peu mièvre, mais bon… Si vous voulez en connaître davantage sur le bonhomme allez sur son site www.drooker.com ou consultez l’excellente édition française de son livre « Subversion, l’art insoumis d’Eric Drooker » aux éditions l’Echappée Belle. www.lechappee.org
Pour accompagner l’image, une très belle musique de l’ami américain Edward Morris…
Enfin ils sont arrivés!
Faites vous de nouveaux amis pompistes sur la route des vacances! séduisez la blonde conductrice d’un gros 4×4 Mercédès au bar de la plage! En portant tout simplement un Tshirt de la nouvelle collection « anti world oil company » printemps été 2008… Existe en modèle homme et femme. Toutes tailles, impression noire sur rouge, jaune ou bicolore comme sur la photo… Remplir un bon de commande sur papier libre, joindre 12 euros + frais de port et adresser à rcros@free.fr Bon été!!!
Ce week-end, Fête des jardins un peu partout et ailleurs… L’association Lez’arts dans les murs, 71 rue Pierre de Montreuil à Montreuil! accueille quelques uns de mes personnages déjà gravés à la tronçonneuse et d’autres qui vont bientôt l’être. Donc, s’il pleut pas trop… bonne visite!
Je sais pas s’il est déjà sorti, quoiqu’il en soit voici un petit bouquin fort édifiant qui compile tous les dérapages récents de notre bien aimée maison poulaga. A mettre entre toutes les mains!
(…)Il s’arrêta. Ecoute moi, dit-il. Arrête à la fin. On est en train de mourir de faim. Tu comprends? Puis il souleva la porte de la trappe et la fit basculer et la laissa retomber derrière sur le plancher.
Attends ici dit-il.
Je viens avec toi.
Je croyais que tu avais peur.
J’ai peur.
Bon reste près de moi.
Il commença à descendre les grossières marches de bois. Il baissa la tête puis alluma le briquet, balançant la flamme devant lui dans l’obscurité comme une offrande. Le froid et l’humidité. Une abominable puanteur. Le petit s’agrippait à sa veste. Il apercevait une partie d’un mur de pierre. Un sol de terre battue. Un veux matelas maculé de tâches sombres. Il s’accroupit et descendit un peu plus bas, tenant la flamme au bout de son bras tendu. Tapis contre le mur du fond, il y avait des gens tout nus, des hommes et des femmes, tous essayant de se cacher, protégeant leurs visages avec leurs mains. Sur le matelas gisait un homme amputé des jambes jusqu’aux hanches et aux moignons brûlés et noircis. L’odeur était atroce.
Mon Dieu fit-il.
Puis, un à un, ils tournèrent la tête, clignant des yeux dans la misérable lueur. Ils chuchotaient: Aidez-nous. S’il vous plait, aidez nous(…)
La Route
Cormac Mac Carthy
Le Pen club international, c’est un club de solidarité entre écrivains basé à Londres. Il vient en aide aux auteurs menacés et défend la liberté d’expression partout où elle est menacée. L’un de ses membres les plus éminents est Salman Rushdie. Le responsable éditorial de leur revue mensuelle m’a demandé par l’intermédiaire d’amis communs de faire la couverture de leur dernier numéro sur le thème « mon voisin l’écrivain ». Le fond, c’est de l’encre bleue essuyée sur une plaque avant l’impression et les personnages, de la linogravure.
« PAROLES CLANDESTINES, un livre d’Harpocrate illustré de gravures que j’ai réalisées vient de paraître aux éditions libertaires. Il s’agit d’une série de textes entre philosophie et politique sur le thème du secret, de la dissimulation et du mensonge. Dans une société qui prétend prôner la transparence comme valeur suprême mais dont la conséquence est le contrôle suprême, le premier acte de résistance consiste à cultiver le secret et la clandestinité. Langues, codes, chiffres doivent nous y aider. 13 euros + frais de port directement en m’écrivant rcros@free.fr ou aux éditions libertaires http://pagesperso-orange.fr/editions-libertaires/Contenu/c2l.html