7 familles ou presque #27

publié le 07 janvier 2021

Pack shot du « Jeu des 7 familles ou presque ». Bientôt dans vos boîtes aux lettres…

                                                               JEU DE MAINS

C’était un matin, ces choses- là se passent toujours le matin. La gardienne du courrier avait déposé une petite lettre-paquet dont tout semblait parvenir d’un message attendu et redouté à la fois.

C’était le début d’une année qui s’annonçait aussi folle que la précédente et plus dingue encore.

C’était un temps ou l’on prenait Halloween pour Noël et le Nouvel-An pour un apocalypse.

Et le message était tombé. Un rapide regard à l’intitulé avait déjà fait jaillir une interrogation : « Sept familles presque ». On insinuait que les familles n’étaient pas complètes. Et pourquoi, ou bien des individus dans chacune des familles, ou des familles entières et qu’est-ce que cela pouvait impliquer ? Certes, nourri à cette heure à quelques élucubrations venues du dernier siècle d’un auteur dit remarquable et maintenant presque ignoré, peut- être Gide ? On pouvait affirmer : « familles, je vous hais », mais il semblait au premier regard que les choses étaient bien plus compliquées et que, là n’était pas le propos des monstruosités découvertes. Offert à la myopie invétérée de liseurs acharnés, difficilement lisible, un revers déréglé conduisaient à un attentisme de mauvais aloi qui pouvait traduire une certaine incertitude quant à piocher et liker sur du papier … mais qui ne pouvais craquer devant cette signature mise en excipit : « Roland Cros, fleur de cactus ! », nom issu d’un sauvage coït de la forêt tropicale où des peaux bistres, noires, blanchâtres, crayeuses ou métissée,  tentaient de dézinguer BOBOL et de retrouver l’immortel trouble d’un LULU ,dit LULA . . Mais, sait-vraiment ce qui se passe hors de chez soi, sinon ce travail toujours recommencé en ateliers clandestins, au noir le soir : la découpe des angles des cartes,3150 cartes, avec chacune 4 angles, soit 10 h30 de concentration délétère, ouvrage de bagnards avant l’exaltation de la distribution militante.

Ce fut un peu plus tard, le début d’un soir où le soleil couchant défiait le couvre- feux d’un gouvernement aux abois qui, ayant épuisé ses derniers jetons, hésitait à utiliser son ultime joker. Au fond d’un tiroir poussiéreux, insolite, une boite en carton incitait au jeu, avec toutefois la retenue d’une pudeur presque charmante, presque modeste. C’était la troublante boîte des familles. Car ces familles, leurs nom huluberlu, leur graphisme sauvage resté plusieurs semaines à l’abris sédimenté de dossiers peu palpitants s’imposaient maintenant dans le désarroi d’une société déboussolée qui excluait le présentiel au profit du distentiel . (Merde, mon correcteur est indifférent à ces deux mots là). Donc, il fallait jouer seul. Bien sûr, ayant entendu les appels bien- veillant de Casse-Tête (appelé, je crois Castex), saisi de l’incompétence de nos édiles liée à leurs soifs de déplacements inutiles qui nous reléguait à nos sommiers fatigués et à nos infantilismes débridés, je distribuais les cartes, me lassait assez vite d’un vide qui certes aurait pu se suffire de l’appariage de monstres en folies si ce n’était l’avidité de poursuivre quelque fantaisie échappant aux règles établies.

« Mais c’est bien sûr ! » éructaige en un glougloutement hérité de vieux souvenirs des cinq dernières minutes, une vraie série du dernier siècle, pas comme maintenant, mais là, je m’égare.

Piotr

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