Pier-2 Kaohsiung #38

publié le 21 novembre 2019

La légende des 369 pixels

Ce soir là, Adan et son frère Tapiwulan rentraient de la chasse. En arrivant à Alangyi, le village qu’ils habitaient, ils se retournèrent pour jeter un regard vers les montagnes environnantes qu’ils aimaient et connaissaient si bien.

Au sommet de la plus haute d’entre elles, ils virent s’élever une étrange fumée qui montait très droit dans le ciel. Ce n’était pas un incendie, il n’y avait pas de flammes. Ce n’était pas quelqu’un qui cuisinait, ils n’avaient croisé personne de la journée.

Intrigués, ils décidèrent de retourner sur place et trouvèrent un petit pot de terre d’où sortait une fumée blanche au parfum délicat.

Comme la nuit allait bientôt tomber, ils décidèrent de rentrer au village en emportant le pot.

Au matin quand ils se réveillèrent, le pot était toujours là où ils l’avaient posé la veille, dans la cour de leur maison. Une fumée parfumée sortait toujours par l’ouverture et Adan remarqua que quelques insectes tournoyaient au dessus avant d’entrer dedans mais qu’aucun n’en ressortaient. Tapiwulan, lui, ne portait pas tellement attention à la chose et préférait se préparer pour sa prochaine partie de chasse.

Deux jours plus tard, Adan remarqua que les insectes attirés par la fumée étaient plus nombreux à entrer dans le pot et que le pot lui même semblait avoir grossi. Son frère lui dit qu’il devrait cesser de boire du vin de riz et de s’occuper de ce maudit pot.

Mais une semaine était passée et Tapiwulan devait bien se rendre à l’évidence, le pot avait doublé de volume et un flot incessant d’insectes y pénétrait comme avalé par sa fumée.

Au bout de dix jours il avait atteint la taille d’une jarre et tous les insectes de la montagne, volant, rampant, sautant, semblaient se ruer vers lui en formant un tourbillon sombre au dessus d’Alangyi.

Quand Adan et Tapiwulan repartirent à la chasse au petit matin du quinzième jour, dès la sortie du village, il leur sembla pénétrer un monde inconnu. Plus rien ne ressemblait à leur forêt familière. Plus de chants d’oiseaux, plus d’araignées entre les branches, plus de vols de papillons, plus de rencontre avec le serpent aux 100 pas. Les insectes semblaient avoir tous disparu et avec eux, toute vie paraissait avoir déserté.

Inquiets et bredouilles ils rentrèrent chez eux et retrouvèrent le pot qui remplissait maintenant toute leur cour. Un épais nuage d’insectes flottait dans le ciel et cachait presque totalement la lumière soleil.
Que faire ?

Lorsqu’ils se réveillèrent le lendemain après une nuit de cauchemars, une surprise les attendait : Le pot avait tellement grossi qu’il s’était brisé. Adan et Tapiwulan découvrirent alors éberlués ce qui se cachait à l’intérieur : 369 pixels!

Il fallait s’en débarrasser au plus vite. Adan et Tapiwulan décidèrent de les transporter dans les profondeurs d’un grotte obscure où aucun insecte ne pourrait jamais s’aventurer. Ils demandèrent à un très vieux banyan d’y plonger ses racines pour les y emprisonner à jamais.

 

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