La route

publié le 27 mai 2008

(…)Il s’arrêta. Ecoute moi, dit-il. Arrête à la fin. On est en train de mourir de faim. Tu comprends? Puis il souleva la porte de la trappe et la fit basculer et la laissa retomber derrière sur le plancher.
Attends ici dit-il.
Je viens avec toi.
Je croyais que tu avais peur.
J’ai peur.
Bon reste près de moi.
Il commença à descendre les grossières marches de bois. Il baissa la tête puis alluma le briquet, balançant la flamme devant lui dans l’obscurité comme une offrande. Le froid et l’humidité. Une abominable puanteur. Le petit s’agrippait à sa veste. Il apercevait une partie d’un mur de pierre. Un sol de terre battue. Un veux matelas maculé de tâches sombres. Il s’accroupit et descendit un peu plus bas, tenant la flamme au bout de son bras tendu. Tapis contre le mur du fond, il y avait des gens tout nus, des hommes et des femmes, tous essayant de se cacher, protégeant leurs visages avec leurs mains. Sur le matelas gisait un homme amputé des jambes jusqu’aux hanches et aux moignons brûlés et noircis. L’odeur était atroce.
Mon Dieu fit-il.
Puis, un à un, ils tournèrent la tête, clignant des yeux dans la misérable lueur. Ils chuchotaient: Aidez-nous. S’il vous plait, aidez nous(…)
La Route
Cormac Mac Carthy

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